L’Etang de l’Abime
L’étang de l’Abime (La Bîme sur le plan cadastral) est une ancienne tourbière dont le nom signifie que celui qui serait assez téméraire pour le croiser, risquerait fort de se retrouver dans l’au-delà.
La plupart des tourbières de la Grande Charme sont comblés. Certaines, comme le Grand et le Petit Basset, ont été repiqués de résineux. D’autres ont l’aspect de clairières. L’étang de l’Abime contient toujours de l’eau que les herbes et les bruyères tentent de masquer à notre vue.
Au cours de la seconde guerre mondiale, le charbon étant devenu rare, les dirigeants de l’usine Boucher du Saut de la Cuve ont décidé d’utiliser la tourbe de l’étang de l’Abime. C’est au Père Mantelli que fut confiée sur place l’exploitation de la tourbe.
Des fossés furent creusés à partir de la chaussée de l’étang de l’Abime pour l’assécher au maximum. Après avoir enlevé le gazon, les ouvriers ont découpé avec de grosses bêches des gros cubes de tourbe. Des hangars très longs, mais larges de seulement d’un mètre, ont été construits pour que les paquets de tourbe s’assèchent par l’effet du soleil et du vent. Quand la tourbe était sèche, les voituriers la descendaient jusqu’à l’usine du Saut de la Cuve.
Quand, à la fin de la guerre, le charbon est réapparu, l’exploitation de la tourbe à la Grande Charme prit fin.
L’extraction de la tourbe a amené la destruction partielle de la tourbière de l’étang de l’Abime. L’ancienne fosse d’exploitation est désormais remplie d’eau et la périphérie de la tourbière s’est asséchée.
Pourtant l’étang de l’Abime ne manque pas d’intérêt tant du point de la flore qu’en considération de sa faune.
Parmi les plantes remarquables, on peut citer la rossolis à feuilles rondes (drosera rotundifolia), l’andromède, des scirpes et des sphaignes… Quant aux espèces animales, on observe diverses sortes d’aeschnes ou libellules et peut être, s’il en reste, le tétras.
L'intérêt écologique est très présent. Des oiseaux forestiers et montagnards fréquentent ces tourbières : bécasse des bois, pic noir, casse-noix moucheté, plusieurs rapaces nocturnes... Les tourbières de Abîme et de la Grande Charme abritent également des insectes inféodés aux tourbières qui sont aussi des reliques glacières : le nacré de la canneberge, la cordulie arctique, et la fourmi des bois nordiques. On y relève aussi des plantes spécialisées, comme plusieurs espèces d'airelles dont l'airelle des marais, aussi appelée "brimbelle d'âne" par les Vosgiens.
Sur le plan cadastral napoléonien de 1828, plusieurs immeubles y figurent. A cette date, une ferme, avec ses dépendances, était certainement construite et habitée dans ce secteur reculé de CLEURIE. Par contre, au recensement de la population de Cleurie en 1886 aucun habitant a été recensé sur ce secteur, la ferme était certainement inhabitée.
Photos de la tourbière
Cliquez sur les vignettes pour agrandir l'image des plans