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Croix de la Couare à CleurieCroix de l'Envers-Côte à CleurieCroix de Germainxard à CleurieCroix d'Haxaire à CleurieCroix de Jacquotte à CleurieCroix de Jeangine à CleurieCroix de Lambertfaing à CleurieCroix du Palton à CleurieCroix de Prensureux à CleurieCroix de Putières à CleurieCroix de Sainte Sabine à Saint Etienne les Remiremont (à quelques pas de Cleurie)Croix Valance (à Cleurie)Croix Villaumé (à Cleurie)Croix de Xatys (à Cleurie)

 

 

Les Croix de Cleurie

 

Les croix de chemin qui jalonnent les chemins des villages de la vallée de Cleurie signifient avant tout que des hommes et des femmes ont voulu dans les siècles passés immortaliser un événement qui a bouleversé leur vie et donner à leur démarche une dimension religieuse.

Les croix de peste, tout d’abord qui témoignent des terribles ravages que cette épidémie a causés dans la région de 1630 à 1637. Puis la tradition d’élever des croix s’est poursuivie aux XVIIIème et XIXème siècles. Il s’agissait alors d’accomplir une démarche pieuse ou un vœu, de rendre grâce au soir d’une vie pour les bienfaits reçus, d’honorer les défunts d’une famille, de soulager les âmes du purgatoire, d’attirer la piété sur une personne subitement décédée. C’est la tradition populaire qui nous a transmis les circonstances dans lesquelles une croix a été érigée, une évocation de faits qu’il nous est difficile de vérifier, mais cependant qui reste un témoignage précieux de la vie de nos aïeux.

Parmi les croix présentes sur les chemins du village de Cleurie, il convient de distinguer celles, les plus nombreuses, qui rappellent un accident, souvent subi par les voituriers, une mort violente causée par des rixes, le décès d’un homme égaré en forêt ou d’enfants surpris par le loup. Il est vrai qu’autrefois les anciens redoutaient  la mort subite, tant était vive la crainte de  paraître devant Dieu sans y avoir préparé son âme. Eriger une croix au lieu où la mort avait frappé soudainement était de nature à attirer la prière des passants.

Un grand nombre de croix n’ont aucune signification certaine. Le souvenir des épidémies n’est pas absent, la peste au XVIIème siècle et le choléra à la fin du XVIIIème siècle. Souvent l’érection d’une croix constituait un acte d’action de grâce, notamment après la construction d’une nouvelle grange, et un appel à la protection divine.

 

 

Les croix liées à un accident :

 

 - Les accidents de voituriers :

 

La croix Jeangine      (en F3 sur le plan de Cleurie)

L’inscription gravée sur le socle de cette croix se lit ainsi : « DOM. Cette croix a été posée en l’honneur de NSJC par Barbe Delon, V(euve) Del Humbert. L’an 1806. » Le nom Jeangine est probablement dérivé du surnom Jean-Jean.

Cette croix a été érigée pour rappeler un accident de voiturier. Parvenu au virage au croisement du chemin venant de la Tête de la Charmotte avec le chemin du col du Singe à Purifaing, le pauvre homme s’est porté à la commande de frein pour ralentir son chariot. Mais le chariot glissa et le voiturier fut coincé entre le talus et la roue de sa voiture.

A l’automne 2000, un transporteur de grumes, qui avait accidentellement heurté la croix, a déclaré le sinistre en mairie. Le sculpteur Daniel Petitgenet de Julienrupt, spécialisé dans ce type d’ouvrage, a été missionné pour restaurer cette croix. Celle-ci a retrouvé sa splendeur et a été remise en place en juillet 2001.

 Croix Jeangine à CleurieCroix Jeangine à CleurieCroix Jeangine à CleurieCroix Jeangine à Cleurie

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La croix du Palton     (en F9 sur le plan de Cleurie)

On peut lire sur cette croix récemment rénovée : « A la mémoire de N. Robert, mort par accident le 4 septembre 1801. Priez pour lui. »

Cette croix rappelle le décès d’un voiturier, grand oncle maternel des Jeangeorges, qui en passant avec ses bœufs sur l’ancien pont du Palton, fut happé par les eaux déchainées du ruisseau de Putières et fut emporté par le courant. Il se noya et son corps a été retrouvé aux Xatys.

 Croix du Palton à CleurieCroix du Palton à CleurieCroix du Palton à Cleurie

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La croix du Xatys     (en F9 sur le plan de Cleurie)

Sur la croix posée près du ruisseau de Putières, on lit : Cette croix a été érigée à la gloire de NS par… » L’inscription est ensuite pratiquement illisible. Ce serait à cet endroit que le corps de Nicolas Robert, mort au Palton comme il a été dit ci-dessus aurait été retrouvé.

Il est permis de douter de la véracité de cette explication donnée par la tradition orale, tant il est inhabituel que deux croix aient pu être érigées pour commémorer un même évènement tragique.

 La croix du Xatis à CleurieLa croix du Xatis à CleurieLa croix du Xatis à Cleurie

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La croix de Putières     (en E9 sur le plan de Cleurie)

On peut lire sur le socle de cette croix : « A la mémoire de Jean N. Balland, mort ici le 19 novembre 1868, à l’âge de 38 ans ».

Il s’agit là encore d’un accident subi par un voiturier.

 La croix de Putières à CleurieLa croix de Putières à Cleurie

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La croix Haxaire          (en  B6 sur le plan de Cleurie)

C’était une croix en fer fixée sur un roc non loin de la ferme de La Charme sur le chemin de Morexard. Elle avait disparu, mais a été rétablie en juin 1991 par l’association des Amis de la Vallée de Cleurie. La croix de fer a été forgée par André Pierre, originaire de La Forge, et fixée sur un socle de granit fourni par Roland Martinoli. Elle a été bénie par le curé Bardelli en présence des descendants de la famille Haxaire.

Elle de petite taille (environ 70 cm de hauteur), et est aujourd'hui complétement enfouie dans la végétation (coordonnées GPS : 48 02 58.4617 N     06 38 45.582 E).

Cette croix est donc assez récente, puisque tous les anciens se souviennent de l’accident qui a motivé son érection. Les faits se sont passés le 15 novembre 1907 à 16 heures. Nicolas Auguste Haxaire, âgé de 27 ans, ne put maîtriser sa schlitte qu’il avait certainement trop chargée. Il mourut écrasé par le bois qu’il schlittait. Il était le frère de Marie Haxaire, l’épouse d’Auguste Gégout du Mourot.

La croix Haxaire à CleurieLa croix Haxaire à CleurieLa croix Haxaire à CleurieLa croix Haxaire à Cleurie 

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- Les morts violentes :

 

La croix Valence      (en J3 sur le plan de Cleurie)

C’était une croix en fer fixée sur un rocher situé sous le chemin de Blanchefontaine entre la Fontaine Saint Augustin et le Faing Melchon. Elle a été rétablie par l’association des Amis de la Vallée de Cleurie grâce au talent du ferronnier André Pierre .

Elle rappelle le meurtre par un carrier de Jean Baptiste Valance.  Ce dernier eut en effet la tête tranchée par un éclat de granit et on éleva une croix là où sa tête était tombée.

Il ne faut pas confondre ce meurtre avec l’accident que connut en 1922 le neveu de Jean Baptiste Valance. Celui-ci avait arrêté ses bœufs au-dessus de la descente du Col du Singe pour charger un bloc de granit, mais n’avait pas serré suffisamment les freins. Il courut à la commande quand il s’aperçut que son chariot commençait à dévaler la pente. Mais le chariot lui passa sur le corps. Les bœufs, privés de leur maître, s’en retournèrent chez Villaumé à Pétonfaing, leur ancien propriétaire.

La croix Valence à Cleurie

 

La croix des Prensureux

Il n’y a aucune inscription sur cette croix. Elle rappelle la bagarre tragique à coups de couteau de deux jeunes hommes. L’un d’eux y laissa la vie.

 

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Egaré en forêt :

 

La croix Villaumé.

Elle se trouve sur la route qui va de La Mousse à la ferme du Thin. On peut y lire : « Ici est mort accidentellement Simon Villaume d’Eloyes, âgé de 74 ans. Une prière pour lui SVP ».

Le vieil homme, qui rentrait de nuit chez lui, s’est égaré en forêt. En cherchant son chemin, il tomba dans un ravin au fond duquel il trouva la mort.

 La croix Villaume à Cleurie

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Dévorés par le loup :

 

La croix de la Couare :     (en G3 sur le plan de Cleurie)

Elle se trouve au Faing Pourri au-dessus du chemin qui du Pré le Haut conduit au col du Singe. Elle a été rénovée par l’association des Amis de Remiremont.

Elle rappelle qu’à cet endroit deux enfants ont été dévorés par des loups. Cet événement la fait probablement dater du XVIIIème siècle, car plusieurs croix ont été érigées à cette époque pour un motif semblable. Ainsi la croix du Faing Herry, datée de 1756, porte l’inscription « pour une personne dévorée du loup ».

Les Chanoinesses de l’abbaye de Remiremont ont d’ailleurs justifié l’organisation d’une battue le 6 juillet 1755 « par les dégâts considérables que causent depuis plus d’un mois les loups dans le voisinage de cette ville par les cruautés qu’ils exercent presque sur toutes les personnes qu’ils rencontrent, rendant  nécessaire pour le bien public de parvenir à la destruction de ces animaux. »

 La croix de la Couare à CleurieLa croix de la Couare à Cleurie

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Les croix protectrices

 

La croix de Lamberfaing     (en J4 sur le plan de Cleurie)

Elle se dresse dans la levée située au-dessus de hangar de la ferme Louis Martin. On y lit pour seule explication de sa présence : « Cette croix a été faite en l’honneur de Jésus, Marie Joseph par Amé Novel et Marie Blaison sa femme. 1718. »

Les généalogies Wintzer attestent de l’existence d’une famille Noël – Blaison à Cleurie à cette époque.

 La croix de Lamberfaing à CleurieLa croix de Lamberfaing à CleurieLa croix de Lamberfaing à Cleurie

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La croix de Germainxard     (en D7 sur le plan de Cleurie)

Située juste au-dessus de la ferme d’Emile Leduc à Manxard, elle porte l’inscription suivante : « 1725. R.I  Cette croix a été faite à l’honneur de Dieu par Joseph Houberdon. » On dit que cette croix a toujours protégé du malheur cette maison et ceux qui l’habitaient.

Elle a donc probablement été érigée en reconnaissance pour les bienfaits reçus et en vue d’être protégé des dangers susceptibles  de frapper les hommes et les biens.

 La croix de Germainxard à CleurieLa croix de Germainxard à CleurieLe socle de la croix de Germainxard à Cleurie

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La croix de Sainte Sabine      (en A7 sur le plan de Cleurie)

Elle porte le nom de la sainte. Peut-être marque-t-elle le lieu où la tradition place la mort de cette jeune moniale. A moins qu’elle ne concrétise l’effort des évangélisateurs pour christianiser les sources traditionnellement objets de culte chez les païens.

Il est probable que cette croix a été érigée en vue d’obtenir la protection de la sainte pour les habitants des environs, eux qui chaque année lui expriment leur dévotion lors du traditionnel pèlerinage.

La croix de Sainte Sabine (Saint-Etienne les Remiremont)La croix de Sainte Sabine (Saint-Etienne les Remiremont)

 

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Le souvenir des épidémies :

 

La croix de l’Envers-Côte      (en F8 sur le plan de Cleurie)

Elle se situait sous l’ancienne route et a été déménagée lors de la construction de la route de Cleurie. On y lit notamment : « Cette croix a été posée à la dévotion de M. Jacques Blaison d’Hazintrait et de ses défunts… le 9 fructidor an 3… (26 août 1795)» Le reste de l’inscription n’est pas déchiffrable. Cette famille aurait  vu tous ses enfants disparaître en bas âge, peut-être victimes du choléra.

Croix de l'Envers-Côte à Cleurie La croix de l'Envers-Côte à CleurieLa croix de l'Envers-Côte à Cleurie

 

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La croix Jacquotte     (en F10 sur le plan de Cleurie)

Dans son ouvrage « Vieux papiers d’une vieille paroisse », l’abbé Lucas mentionne la présence aux Xatis de deux croix, la première en fer, qu’il juge relativement récente, ne portant ni date, ni inscription, et la seconde en pierre sur laquelle se trouve une inscription qui ne peut être que partiellement déchiffrée : « Cette croix a été érigée à la gloire de Dieu… » (I, page 13)

Cette seconde croix semble correspondre à celle qui se dresse toujours au carrefour des Xatis près du ruisseau, là où a été retrouvé le corps de Nicolas Robert, mort noyé au Palton.

L’abbé Lucas note que ces deux croix ont été victimes d’actes de vandalisme et qu’à chaque fois, la piété des paroissiens a permis qu’elles soient restaurées.

La croix Jacquotte est située à quelques dizaines de mètres du carrefour des Xatis au bord de la route qui mène au Saut de la Cuve. Son socle et le fût sont en pierre. Le croisillon est en fer forgé. On pouvait lire autrefois, gravée dans la pierre, l’inscription suivante « NG – IR »

Contrairement aux affirmations de l’abbé Lucas, la croix Jacquotte n’est pas récente, ainsi qu’en témoigne la facture des éléments de pierre qui forment le socle et le fût. Quant au croisillon de fer, il a certainement remplacé un croisillon de pierre endommagé par accident ou par vandalisme, qui surmontait la croix à l’origine.

La tradition populaire recueillie auprès de quelques anciens confirme l’ancienneté de la croix, mais rapporte d’étranges choses à son sujet.

Certains ont par exemple affirmé que des Suédois auraient été enterrés à cet endroit au cours de la guerre de Trente ans. Rien cependant ne vient donner corps à cette assertion. Xavier Thiriat, qui pourtant a consacré plusieurs paragraphes à cette guerre, n’en fait pas mention. (La vallée de Cleurie, page 210)

D’autres estiment que la croix Jacquotte pourrait être une croix de peste comme le sont la croix du Xatis Amet et la croix de Bémont. Si la peste a sévi à Plaine Cleurie et à Bémont, il est vraisemblable qu’elle a pu faire des victimes aux Xatis. De plus la référence de certaines traditions au passage des Suédois au cours de la guerre de Trente ans évoque ce temps où la peste ravageait nos campagnes tant dans la vallée de Cleurie que dans les vallées voisines.

C’est à ce moment de mes réflexions que Pascal Claude me fit parvenir un acte notarié daté de 1671 portant fondation par Jacotte Gury au profit de la paroisse de Saint Amé et mentionnant expressément cette croix.

Cet acte dressé le 17 mai 1671 énonce que « Jacotte Gury, veuve de Jean Remy de Bouxerand, Basse de Cleurie, Ban de Moulin, paroisse de St Amé… fonde, constitue et établit au profit de l’église paroissiale de St Amé acceptante par le dit tabellion, savoir la célébration d’une messe haute des morts annuelle et perpétuelle dans l’octave de la fête de Toussaint et à dire et célébrer au jour de la dite octave qui sera le plus commode aux sieurs curés présents et futurs de ladite paroisse pour le salut de la constituante et pour le repos de son âme après son décès et de celle de son défunt mari et de tous leurs parents alliés et aïeux trépassés. »

Cet acte ajoute « à charge et condition que les dits sieurs curés présents et futurs de St Amé en faisant pour chaque an la procession de la paroisse au lundi des Rogations réciteront aux mêmes effets que dessus les litanies de la Vierge avec l’antienne et l’orémus et le De profundis avec la collecte au pied de la croix de pierre que la dite constituante a fait ériger depuis peu sur le haut chemin de Fossard, lieu-dit dessous les champs  de l’Estraye au finage de la Nol et Autrive »

« Pour rétribution de quoi elle a donné, concédé et octroyé une somme annuelle et perpétuelle de quatre francs, monnaie de Lorraine, de laquelle  lesdits sieurs curés présents et futurs prendront annuellement deux francs, six gros, tant pour ladite messe haute que pour les litanies et le De profundis à la dite croix, le maître d’école trois gros, le marguiller aussi trois gros, les deux chatelliers aussi  trois gros ; les neuf gros restant seront pour les luminaires et appartiendront à la Fabrique de ladite paroisse. »

Que nous apprend cet acte de fondation ? La croix a bien été élevée quelques années avant 1671 et sa dénomination rappelle le nom de la personne qui l’a fait ériger. Les inscriptions portées sur la croix trouvent également une explication, puisque les initiales IR sont probablement celles de Jean Remy, le défunt mari de Jacotte Gury, et les initiales NG pourraient désigner Nicolas Gury, le père de Jacotte mort en 1667, qui demeurait à Chévrimont.  Il résulte en outre d’un acte notarié daté de 1634 que Nicolas Gury, dit le jeune, portait le même nom que son père.

Quant à l’événement qui a justifié l’érection de la croix, l’acte de fondation n’en fait pas mention. Beaucoup de croix érigées à cette époque sont certes des croix de peste ; mais on ne peut pas exclure que la croix Jacquotte soit une croix de dévotion et de protection, même si elle n’est pas implantée à proximité d’une habitation. L’acte mentionne les granges de Bouxerand et de Chévrimont, qui sont éloignées du lieu où  la croix a été mise en place.

A-t-elle été implantée à cet endroit simplement pour se trouver sur le chemin de la procession des Rogations ? Ou bien en raison du fait que des personnes  y auraient été enterrés, peut être victimes de la peste ? Les explications  transmises par quelques anciens laissent en tout cas entendre que la croix marque l’endroit où des corps furent inhumés.

La croix Jacquotte garde donc une partie de son mystère. Il reste qu’elle est le plus ancien monument de Cleurie élevé par la piété populaire et qu’à ce titre elle mérite notre respect et notre protection comme étant une partie inestimable de notre patrimoine.

La croix Jacquotte à CleurieLa croix Jacquotte à CleurieLa croix Jacquotte à Cleurie


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